Le feu couvait depuis longtemps au sein du conseil municipal d’Audresselles. L’adjoint aux fêtes, Jean Ruano, vient de claquer la porte. Il s’agit de la cinquième démission au cours du mandat. Une vacance qui va engendrer des élections partielles courant de l’automne. Le maire ne remet pas sa gestion municipale en cause.
Par Marie-Caroline Debaene | Publié le 31/08/2017
Le 21 août, Jean Ruano, 84 ans, adjoint aux fêtes, a jeté l’éponge. Il a envoyé son courrier de démission au maire et à la préfecture. « Il y a un vase qui se remplit. La dernière goutte qui a débordé, c’était le 15 août. Aujourd’hui, cela me pourrit la vie. Je veux pouvoir dormir tranquillement. Je ne pouvais pas continuer encore trois ans comme cela. »
Jean Ruano, qui a consacré seize ans au service de la commune en tant qu’adjoint auprès du maire, Roger Tourret (cinquième mandat), est amer et las. Il évoque des décisions prises par le maire sans consultations du conseil municipal. « Ce n’est pas nouveau, mais depuis 2014, ça s’est largement aggravé. » Il cite, par exemple, les terrasses des restaurants, couvertes ou non, qui ont poussé comme des champignons sans délibération du conseil municipal. « On ne peut plus passer sur les trottoirs. Certaines ont même été agrandies sur la moitié de la route. On avait demandé à ce que l’on puisse faire payer les terrasses. On n’en a jamais entendu parler. Le soi-disant charmant petit village de pêcheurs, ça n’est plus rien du tout ! » L’occupation du domaine public par un commerce (trottoir, place) est évidemment réglementée. Elle nécessite une autorisation qui prend la forme d’un arrêté et entraîne le paiement d’une redevance.
« Je ne vais pas réunir les quinze membres du conseil à chaque fois pour une bricole »
Des terrasses sans autorisation
Le maire, Roger Tourret, semble peu s’en soucier. « Oh la, la, la ! Ça a commencé par un restaurateur et puis les autres ont voulu faire la même chose. Je leur ai dit qu’ils pouvaient le faire. On critique les terrasses mais ça fait marcher les restaurants et la vie touristique d’Audresselles. » Quant à consulter son conseil municipal, Roger Tourret répond : « Je ne vais pas réunir les quinze membres du conseil à chaque fois pour une bricole parce qu’il faut refaire quelques travaux ou poser un panneau. »
Jean Ruano parle aussi « d’ambiance délétère au sein du personnel communal » (quatre titulaires et trois personnes en CDD). « On laisse faire. Ça ne me plaît pas du tout. » Le maire n’y voit une fois de plus « aucun malaise ». « Délétaire, c’est un grand mot. C’est normal que les employés aient besoin de s’exprimer, qu’ils s’engueulent entre eux. C’est la vie ! »
La méthode Tourret ne fait plus l’unanimité dans ce conseil qui avait obtenu la majorité aux dernières élections. Aucun opposant n’avait été élu. « Si ce n’était pas moi qui avais démissionné, ça aurait été un autre », souligne Jean Ruano. Les quatre autres personnes démissionnaires sont Charles Daullet, Dominique Vanhersecke (décédé depuis), Véronique Bonnière et Coralie Cappelle. Cette dernière n’avait pas souhaité s’étendre sur le sujet mais avait tenu à préciser que ce départ n’était pas lié à des raisons personnelles.
Élections partielles
Après confirmation auprès de la préfecture, des élections partielles devront être organisées dans un délai de trois mois, à compter de la réception par l’adjoint démissionnaire de l’accord du préfet. De fait, lorsqu’une commune de moins de 1 000 habitants, comme Audresselles (600 habitants) perd, par l’effet des vacances survenues, le tiers des membres de son conseil municipal, il est procédé à des élections complémentaires (article L258 du code électoral).
Cinq sièges seront donc à pourvoir. Le poste du maire n’est pas remis en cause, mais une opposition pourrait ainsi voir le jour. Si aucune liste n’était présentée, le délai de trois mois serait renouvelé. Une fois de plus, Roger Tourret, ne se fait pas de mauvais sang : « Si je dois faire des élections partielles, je le ferai et puis on verra. Ce ne sera pas de gaîté de cœur, mais je ne vais tout de même pas mourir d’une histoire comme ça. » À 77 ans, Roger Tourret affirme qu’il ne se représentera pas lors des prochaines élections municipales. « Ce sont mes dernières cartouches. »